Cercle Amilcar
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Le virus de l'Amilcarinite

par Hubert Leulier

Un jour de 1977, du côté de Vaucelles et Beffecourt dans l'Aisne, un éminent spécialiste des maladies du cambouis et des troubles de l'arbre à cames, le Docteur Hubert Leulier, parvint à isoler un virus qui faisait déjà des ravages dans les rangs des conducteurs : le CC-CGSS à molécule de compound, M et C6. Hélas trop tard... Le docteur lui-même était atteint de la maladie.

Plutôt que de tenter de la guérir, il s'efforça donc de la propager. Le résultat dépasse aujourd'hui toutes ses espérances. Jamais, le savant de Vaucelles (que ses disciples surnomment "Doudou") n'aurait imaginé inoculer son virus à tant de passionnés d'automobile ancienne. Au point qu'il fut obligé, cette même année 1977, de les réunir au sein d'un club, Le Cercle Pégase Amilcar.

Quant à la maladie mieux vaut, comme tous ceux qu'elle a atteint, l'entretenir à l'huile de ricin, aux inhalations de super, au champagne et au beaujolais. Une seule certitude : cette étrange maladie, baptisée Amilcarinite par le Docteur Doudou est terriblement contagieuse...

Fallait-il soigner l'Amilcarinite ?

Communication du Docteur Doudou au congrès des PIDTVIPLA (Porteurs Incurables du Terrible Virus Inoculé par les Amilcars).

Cette maladie, d'origine virale, tout d'abord aiguë, ne tardant pas à devenir chronique fut décrite pour la première fois vers les années 1920 par un certain AMILCAR qui en découvrit et classa les premiers symptômes.

Cette maladie frappe, le plus souvent de manière subite, les hommes de préférence, aussitôt leur adolescence, quelquefois plus tard, mais de toutes façons avant la cinquantaine, et laisse ses séquelles indélébiles, heureusement non invalidantes.

Signes cliniques...

Cette maladie se caractérise principalement par une altération du jugement. Le sujet atteint ne s'attache qu'à un type de moyen de locomotion, du genre automobile, dont les pièces sont elles aussi frappées par le virus AMILCAR (on les reconnaît assez facilement, le virus laisse une cicatrice en forme de cheval ailé stylisé).

Le patient ne vit plus que pour son virus et lui consacre la plus grande partie de ses loisirs, comme s'il cherchait tous les moyens pour ne pas s'en débarrasser ! Et son jugement est à ce point altéré que seules les automobiles porteuses du Virus sont dignes d'un intérêt.

Ce qui ne facilite pas la tâche des chercheurs, c'est que le Virus se présente sous diverses formes voisines. On en a dénombré jusqu'à ce jour une vingtaine que voici énumérées dans l'ordre de leur découverte : CC, CS, C4, CGS, CGSS (un des plus tenaces), G, L, M, E, J, M2, M3, M4, C3, C5, CO, C6, MCO (ces trois dernières peuvent entraîner la mort car on ne connaît pas encore d'antidote), et les deux derniers dépeints qui portent le nom de ceux qui les ont trouvé, Pégase et Compound.

Rares sont les sujets qui arrivent, grâce au phénomène du rejet à se débarrasser de la maladie. Le plus souvent, un peu comme les lépreux qui étaient regroupés en colonie pour mieux les surveiller et les soigner, les porteurs de la maladie AMILCAR cherchent à se rencontrer et forment même une communauté portant le nom de "CERCLE PEGASE AMILCAR"...

En dehors de l'altération du jugement, les autres signes sont assez discrets et se traduisent par une déformation du langage qui élimine pas mal de mots courants pour les remplacer par ceux tels que : arbre à cames, soupapes, roue rudge, culasse ricardo, caisse bordino, sautevent, places décalées etc...

Bien souvent, le malade est rarement seul, il contamine vite son entourage et surtout sa compagne, qui rapidement, elle aussi modifie son langage en employant des mots tels que : combinaison, serre-tête, lunettes, cambouis salissant etc...

Et tels les croyants qui vont à la Mecque ou à Lourdes, les porteurs du Virus AMILCAR se rendent en caravane tous les ans en un lieu de pèlerinage différent (ceci afin d'éviter les risques de contagion).

Diagnostic...

Il est facile. Demandez à un porteur du Virus AMILCAR ce qu'il pense de SALMSON par exemple ou de BUGATTI, et vous le verrez devenir tout rouge, ses yeux vont lui sortir de la tête et il va proférer des mots incompréhensibles (que seuls les porteurs du Virus peuvent comprendre). Ils sont rares, parce que relativement peu atteints, ceux qui ne se fâchent pas, certains vont même jusqu'à se laisser aller à la contamination par d'autres germes tels que BUGATTI. Pour ma part, j'ai dû être contaminé de manière répétée par différents Virus du genre PEUGEOT, CITROËN, FIAT, ZEDEL, et je ne m'en porte pas plus mal (quoique selon certains, il en resterait quelque chose).

Traitement..

C'est la partie la plus difficile, cette Amilcarinite vous colle à la peau. Un isolement prolongé ne sert à rien, si ce n'est à vous laisser le temps de perfectionner votre AMILCAR. Un vaccin est en cours de préparation, mais il semble peu efficace, car un porteur du type CGS fait une mutation vers le type C6 6 cylindres.

D'après l'Académie de Médecine, il semble, à l'heure actuelle souhaitable de laisser les malades porteurs du Virus AMILCAR vivre à leur gré, en souhaitant que la maladie finisse par épuiser sa virulence.

Docteur Hubert Leulier

Diplômé de Virologie, Spécialiste en Amilcarinite